Bon anniversaire Francine Déjean ! Pour vos
102 ans nous sommes venus vous voir à la Parau, et nous avons évoqué le passé avec
vos deux enfants, Jean-Pierre et Éliane. Vous êtes née Francine Charvin, le 12
avril 1919 à Illiat dans l'Ain. Vous viviez alors avec vos parents en compagnie
de vos 3 sœurs et de votre frère. En 1936, on vous envoie chez votre tante qui
vit avec M. Raux, le minotier du moulin de St-Jean du Bruel (Noria). Comme
chacun sait, les moulins ont des mécanismes en bois et ceux-ci ont
régulièrement besoin de réparation. Et arrive le menuisier du village, Marcel
Déjean ! Vous vous croisez et vous vous plaisez. Mais voilà que la date du
retour dans votre famille arrive et Marcel vous demande de rester. Vous acceptez
et vous vous mariez en 1938 ! Vous aménagez au 14 Grand' rue, face au Grand
Café Moderne. Marcel, qui est né en 1911 et était sursitaire, part faire son
service de 1938 à 1939. Mais la guerre est
déclarée et Marcel est mobilisé le 3 septembre 1939. Il
est fait prisonnier à Dunkerque et part en Allemagne pendant cinq longues
années. Son frère Justin réussi à embarquer pour l'Angleterre.
Le 11 avril 1940, vous donnez naissance à Jean-Pierre. Le docteur Lorgnos procède à l'accouchement et le boulanger, Paul Aché, arrive pour aider et fait office de sage-femme ! Vous vous retrouvez seule au village avec votre bébé. Heureusement vous êtes aidée par Justin, qui est associé dans la menuiserie et qui a pu revenir à St-Jean. Commencent alors des allers-retours entre St-Jean et Vonnas dans l'Ain où s'est installée votre famille. C'est ainsi que vous faîtes partie des passagers qui ont pris le dernier train à la gare de Sauclières. Pour les voyages suivants, il vous faudra prendre le car, avec votre bébé sous le bras, pour rejoindre la gare du Vigan. Vous souriez en pensant à ces voyages, si compliqués à l’époque : "il y avait toujours des jeunes hommes pour m’aider à monter dans le train, ils prenaient le bébé dans leurs bras pour me soulager".
Enfin Marcel est de retour en 1945 et… un deuxième bébé arrive en 1947 ! Une fille, Éliane. Vous vous installez rue de Derrière la Muraille, à côté de l'épicerie de Suzou et d'Yvon Calvet. La menuiserie, installée rue du Cacao, tout contre l’Hôtel Papillon, fonctionne à plein régime, elle a reçu une commande de 12 000 planches à dessin pour l'aviation civile. Toute la famille est au travail. Votre beau-frère, Justin a installé une scierie et débite du bois de châtaigner. Mais la guerre frappe à nouveau, et le 3 mai 1960 (jour de l'anniversaire de Marcel), c'est votre fils Jean-Pierre qui part en Algérie pour 26 mois, avec une seule permission.
Dans les années 60 commencent alors les grands voyages avec Marcel, Allemagne, Pologne Autriche, Italie, Maroc… En 1969, la menuiserie est transférée aux Canals. En 1978, vous aménagez à la Parau où vous habitez toujours. Dans les années 80, Marcel, qui avait été impressionné par l'avance technologique des Allemands, a fait venir d'Allemagne son ancien patron et sa femme.
Le 5 mai 1985, Marcel décède (le même jour que Napoléon nous fait remarquer Jean-Pierre). Heureusement, vous n'êtes pas seule, vous êtes entourée d'une nombreuse famille, 2 enfants, 5 petits-enfants, 11 arrière-petits-enfants et… 2 arrière-arrière-petits-enfants.
Et lorsque nous vous quittons, à notre interrogation : souffrez-vous, avez-vous mal quelque part ? Vous nous avez "regardé" (vos beaux yeux, très expressifs ne laissent pas paraître votre cécité), et vous nous avez répondu : "je n’ai mal nulle part" !
Le 11 avril 1940, vous donnez naissance à Jean-Pierre. Le docteur Lorgnos procède à l'accouchement et le boulanger, Paul Aché, arrive pour aider et fait office de sage-femme ! Vous vous retrouvez seule au village avec votre bébé. Heureusement vous êtes aidée par Justin, qui est associé dans la menuiserie et qui a pu revenir à St-Jean. Commencent alors des allers-retours entre St-Jean et Vonnas dans l'Ain où s'est installée votre famille. C'est ainsi que vous faîtes partie des passagers qui ont pris le dernier train à la gare de Sauclières. Pour les voyages suivants, il vous faudra prendre le car, avec votre bébé sous le bras, pour rejoindre la gare du Vigan. Vous souriez en pensant à ces voyages, si compliqués à l’époque : "il y avait toujours des jeunes hommes pour m’aider à monter dans le train, ils prenaient le bébé dans leurs bras pour me soulager".
Enfin Marcel est de retour en 1945 et… un deuxième bébé arrive en 1947 ! Une fille, Éliane. Vous vous installez rue de Derrière la Muraille, à côté de l'épicerie de Suzou et d'Yvon Calvet. La menuiserie, installée rue du Cacao, tout contre l’Hôtel Papillon, fonctionne à plein régime, elle a reçu une commande de 12 000 planches à dessin pour l'aviation civile. Toute la famille est au travail. Votre beau-frère, Justin a installé une scierie et débite du bois de châtaigner. Mais la guerre frappe à nouveau, et le 3 mai 1960 (jour de l'anniversaire de Marcel), c'est votre fils Jean-Pierre qui part en Algérie pour 26 mois, avec une seule permission.
Dans les années 60 commencent alors les grands voyages avec Marcel, Allemagne, Pologne Autriche, Italie, Maroc… En 1969, la menuiserie est transférée aux Canals. En 1978, vous aménagez à la Parau où vous habitez toujours. Dans les années 80, Marcel, qui avait été impressionné par l'avance technologique des Allemands, a fait venir d'Allemagne son ancien patron et sa femme.
Le 5 mai 1985, Marcel décède (le même jour que Napoléon nous fait remarquer Jean-Pierre). Heureusement, vous n'êtes pas seule, vous êtes entourée d'une nombreuse famille, 2 enfants, 5 petits-enfants, 11 arrière-petits-enfants et… 2 arrière-arrière-petits-enfants.
Et lorsque nous vous quittons, à notre interrogation : souffrez-vous, avez-vous mal quelque part ? Vous nous avez "regardé" (vos beaux yeux, très expressifs ne laissent pas paraître votre cécité), et vous nous avez répondu : "je n’ai mal nulle part" !
Francine et Jean-Pierre |
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