Suzou Calvet, née Monteils, nous a quitté ce mercredi 7 octobre, alors qu'un
jour terne et humide se levait sur Saint Jean, à l'opposé du jour radieux qui
l'a vu naitre au Bruel le 19 juillet 1935. Pour lui rendre hommage
aujourd'hui dans ces pages, il ne faut pas craindre d'aller à l'encontre de
son aversion pour la trop grande publicité. Suzou aurait souhaité sans doute
que l'on parle d'elle le moins possible. Néanmoins, sans prétendre ici résumer
sa vie, laquelle, comme toutes les autres, ne saurait tenir dans une dizaine
de lignes, nous souhaitons saluer le départ d'une figure du village dont de
nombreux Saint-Jeantais, parmi les moins jeunes notamment, gardent le
souvenir. Les premières années de vie de Suzou sont marquées par le départ de
son père Joseph, pour la guerre en aout 1939. Pour l'enfant de 5 ans c'est un
véritable arrachement. Comme bien d'autres familles Françaises, Suzou et sa
mère Andréa s'installent alors dans l'attente et l'espoir du retour. Se
forgent à ce moment-là en Suzou un formidable espoir dans la vie porté par une
foi ardente, qui jamais ne lui fera défaut et à laquelle elle restera fidèle
sa vie durant. Origines Cévenoles obligent, pour Suzou, l'engagement n'est pas
un vain mot. Après la guerre, Suzou connait une enfance heureuse entre des
parents aimants, des cousins et cousines à foison et des amis non moins
nombreux avec lesquels elle va également partager par la suite ses années de
jeune fille ; les moments de détente succédant aux heures de travail à
l'épicerie parentale.
Et puis la vie s'emballe soudain : Suzou rencontre Yvon, Son grand homme et le
quotidien en est tout chamboulé. À l'horizon de cette vie nouvelle
apparaissent alors poussettes et landaus ; pantalons courts pour Jean-Luc,
jupes plissées pour Christine. Et puis, dans la vie de Suzou, outre famille et
amis, il y a son métier et il y a tous ceux qui ont un jour ou l'autre poussé
la porte du Magasin où elle succède à ses parents dans les années 70. Suzou en
effet adore son métier et s'y donne tout entière, tous les jours de la semaine
y compris le dimanche en fin d'après-midi. Mais attention, le commerce est
pour elle bien plus qu'un simple gagne-pain et ses clients, bien plus que des
clients : c'est aussi une forme d'altruisme, une façon de rendre service, de
ne pas laisser un dimanche soir, celui-là sans fromage, celui-ci sans café ou
cet autre encore sans une moitié de flute en attendant lundi matin. Qui ne se
rappelle en effet à Saint Jean, de son sourire accueillant, de ses mots
aimables ou encore de sa capacité à vous calculer une addition en moins de
temps qu'il ne faut pour l'écrire, comptant et recomptant de crainte de faire
une erreur susceptible de nuire à ses clients ?
Qui ne se rappelle en effet à Saint Jean, des étals de fruits et légumes
envahissant la rue de Derrière la Muraille y faisant régner une activité
intense et fébrile et des étiquettes multicolores savamment customisées par
Yvon qui parfois, emportées par le vent, finissent par s'échouer sur le parvis
de l'église ? Qui ne se souvient à Saint Jean en effet, des files
d'attentes qui s'allongent l'été devant l'épicerie sous le soleil brulant des
fins de matinée ?
Mais au-delà de la commerçante simplement aimable, s'il est une chose qu'il
convient peut-être de retenir de Suzou, c'est sa capacité d'empathie et de
présence à l'autre quel qu'il soit, sans jamais juger ni rejeter.
Cette capacité acquise au fil du temps et qui a fini par s'installer dans son regard et transparaitre dans son sourire, appelons-la : "savoir être" ou gentillesse ou bonté, enfin, quelque chose d'approchant
Christine Calvet
Suzou Calvet, née Monteils | Yvon et Suzou Calvet dans leur épicerie |
3 commentaires:
Pourquoi ne peut on plus voir les photos en grand comme avant sur plusieurs articles ?
Toutes mes condoléances et mes pensées à Christine et Jean-Luc, je suis triste de ne pas avoir eu la chance et le plaisirs de revoir Suzou et de l'accompagner vers sa dernière demeure comme j'avais pu le faire pour Yvon à la Résidence la Dourbie. De grands moments en souvenir, entre Yvon que mes enfants appelaient papi Noël et Suzou qui gardait le petit morceau de jambon pour Jennifer, qu'elle repose en paix. Amitiés la famille Nenny.
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