"Ne dirait-on pas qu’un magicien habile transforma ce village en paradis terrestre" ainsi parlait Jean-Pierre Suc de St-Jean du Bruel. Il y était accueilli par sa tante et retrouvait l’été ses camarades Henri Serre, Ginette, Roland Arnal, René Fabre (dont il fit le portrait) qui composaient sa tribu pour quelques semaines de vacances loin des chaleurs du Midi. Il y peint la maison familiale dans la rue du Pont Vieux. Dans ces années d’après-guerre il fait les beaux-arts à Montpellier et suit les cours du conservatoire de musique. Il devient affichiste, décorateur de stands de la foire de la vigne et du vin de 1947, puis professeur de dessin au lycée de garçons de Montpellier. Guitariste doué, Il ajoute à ces activités le Jazz, avec "l’Original Jazz Gang" qu’il créa avec son frère Charly à la trompette et Balenglow au trombone et que reconnu Hugues Panassié comme : L’Orchestre le plus swinguant de France. Sur les conseils de Georges Brassens, il monte à Paris. Jean-Pierre y retrouve Henri Serre avec qui il crée le duo SUC et SERRE, enregistre des disques (dont les pochettes sont d’Agnès Varda) et remplissent tous les soirs le cabaret de la contre-Escarpe "Le Cheval d’Or" que Jean- Pierre a ouvert à 22 ans, sans un sou vaillant, dans une ancienne bonneterie. L’ami Georges Brassens a offert la sono. La tête de cheval et la décoration furent réalisées par Pierre Maguelon son élève des beaux-arts devenu plus tard comédien dans les brigades du Tigre et les films de Buňel. De nombreux artistes commencèrent leur carrière au Cheval d’or : Bobby Lapointe, Roger Riffard, Anne Sylvestre, Rice Barrier, Pierre Richard… et la liste de ceux qui y venaient souvent est incroyable : Brassens, Patachou, Greco, Aznavour, Zizi Jeanmaire, Jean-Claude Carrière, Marcel Amont, François Truffaut qui fit jouer Bobby Lapointe pour "Tirez sur le pianiste" et Henri Serre pour "Jules et Jim", Jacques Brel qui a chanté "Place de la contre-escarpe" une de ses chansons. Les années Suc c’était un état d’esprit, de générosité, de partage mais aussi de misère et de vache enragée. Jean-Pierre Suc fut un artiste foisonnant : auteur, compositeur, peintre, jazzman, poète, qui après le succès des débuts ne parvint pas à trouver la place qu’il méritait dans la chanson et mis fin à ses jours dans le train qui le ramenait à Montpellier en 1960 à 33 ans. Ce météore de velours, ce prince des nuées, ne cessa jamais de peindre et de composer. Qui se souvient de Jean-Pierre Suc ?
Thierry Verdier professeur d’histoire de l’art à l’Université Paul Valery Montpellier III a proposé à ses élèves de monter une exposition sur Jean-Pierre Suc, il a été submergé de candidats enthousiastes qui ont réalisé un travail minutieux, assorti d’un catalogue très complet qui retrace sa courte vie, toute son œuvre de peintre, de graphiste et de compositeur interprète avec l’intégrale de ses chansons en deux CD. Gilles Durieux qui recueilli ses dernières chansons inédites y a écrit un postscriptum émouvant. L’Exposition Jean-Pierre Suc se tient jusqu’au 4 octobre à la halle Tropisme à Montpellier. Elle sera montrée à St-Jean du Bruel où vit toujours Henri Serre, l’été prochain.
Rue du Pont Vieux à St-Jean | Affiche de concert | Original Jazz Gang |
Auto portrait | Suc et Serre | Duo Suc et Serre |
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